Exposition "Un arbre pour les mouettes", par Michel Degand et Pierre Dhainaut
Du 18 octobre au 12 novembre 2010, Galerie Les 3 Lacs, Université Lille 3.
Un arbre pour les mouettes. L’espace de liberté. - Sans doute le peintre est-il seul dans son atelier comme le poète devant sa table, mais quand ils ont la chance de pouvoir collaborer, ils constatent combien les échanges entre eux sont nécessaires, ils se doivent d’échapper à leurs habitudes et de se renouveler. Le livre, pour cela, n’est pas l’unique possibilité. Nous venions de réaliser Chemins de traverses, qui regroupent des sérigraphies et des poèmes, quand Michel Degand me confia une trentaine de feuilles de petit format striées, maculées, froissées, dont il ne s’était servi pour mener à bien cette suite de plus de mille tableaux qu’il était sur le point d’exposer, Le Zéro à l’infini : à toi, me suggéra-t-il, d’y inscrire ce que tu souhaites. La place manquait pour que je puisse développer, il me fallait aussi tenir compte des plis et des taches, des textes brefs s’imposaient, proches du haïku ou de l’aphorisme, qui à la fois concentrent, élargissent. En général, une collaboration s’arrête à ce stade. Mais les mots qu’ils m’avaient suggérés, Michel Degand les a repris, il a voulu dire à son tour, d’une touche de couleur, d’une ligne entre mes lignes, ce qu’ils lui suggéraient. Rien n’est donc resté autonome ou clos. Enfin nous lisons, nous regardons dans un même mouvement : il s’agit bien d’échanges, miraculeusement, entre les langages que d’ordinaire nous séparons. C’est ainsi que s’est épanoui Un arbre pour les mouettes : cet arbre appartient à ce que l’on appelle la poésie, qui ouvre un espace paradoxal dont on n’a pas à se demander s’il appartient à la réalité puisqu’il est sensible, puisque de toute évidence il échappe aux définitions, aux catégories rassurantes, un espace de liberté.
Pierre Dhainaut, poète
source : Expo avec Pierre Dhainaut