samedi 8 janvier 2011


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jeudi 11 novembre 2010

"Un arbre pour les mouettes"

Exposition "Un arbre pour les mouettes", par Michel Degand et Pierre Dhainaut

Du 18 octobre au 12 novembre 2010, Galerie Les 3 Lacs, Université Lille 3.

Un arbre pour les mouettes. L’espace de liberté. - Sans doute le peintre est-il seul dans son atelier comme le poète devant sa table, mais quand ils ont la chance de pouvoir collaborer, ils constatent combien les échanges entre eux sont nécessaires, ils se doivent d’échapper à leurs habitudes et de se renouveler. Le livre, pour cela, n’est pas l’unique possibilité. Nous venions de réaliser Chemins de traverses, qui regroupent des sérigraphies et des poèmes, quand Michel Degand me confia une trentaine de feuilles de petit format striées, maculées, froissées, dont il ne s’était servi pour mener à bien cette suite de plus de mille tableaux qu’il était sur le point d’exposer, Le Zéro à l’infini : à toi, me suggéra-t-il, d’y inscrire ce que tu souhaites. La place manquait pour que je puisse développer, il me fallait aussi tenir compte des plis et des taches, des textes brefs s’imposaient, proches du haïku ou de l’aphorisme, qui à la fois concentrent, élargissent. En général, une collaboration s’arrête à ce stade. Mais les mots qu’ils m’avaient suggérés, Michel Degand les a repris, il a voulu dire à son tour, d’une touche de couleur, d’une ligne entre mes lignes, ce qu’ils lui suggéraient. Rien n’est donc resté autonome ou clos. Enfin nous lisons, nous regardons dans un même mouvement : il s’agit bien d’échanges, miraculeusement, entre les langages que d’ordinaire nous séparons. C’est ainsi que s’est épanoui Un arbre pour les mouettes : cet arbre appartient à ce que l’on appelle la poésie, qui ouvre un espace paradoxal dont on n’a pas à se demander s’il appartient à la réalité puisqu’il est sensible, puisque de toute évidence il échappe aux définitions, aux catégories rassurantes, un espace de liberté.

Pierre Dhainaut, poète

source : Expo avec Pierre Dhainaut

mercredi 30 juin 2010

"Plus loin dans l'inachevé" de Pierre Dhainaut

Plus loin dans l'inachevé, le recueil que les éditions Arfuyen publient à l'occasion de l'attribution à Pierre Dhainaut du Prix de Littérature francophone Jean Arp 2010, a beau être le trentième - ou le trente-et-unième - des ouvrages publiés par l'auteur depuis Le Poème commence, paru en 1969, c'est encore et toujours une voix neuve, comme à l'état de continuelle naissance, que le lecteur attentif y entendra. Certes, « lames, écume, sable, souffles, épaules, cime... », cet ouvrage - dont le titre apparaît comme le clair prolongement de Dans la Lumière inachevée, l'anthologie que lui a consacré le Mercure de France, en 1996 - continue de conjuguer la liste familière des noms que Pierre Dhainaut ne cesse de faire revenir tout au long de ses oeuvres. Répétition? Redite? Ce serait mal connaître la nature particulière du questionnement poétique, la qualité propre de cette relation du poète à sa langue qui fait du mot sa substance, du vers sa respiration. « Les mots, écrit-il dans son Journal des bords - qui, à la suite du recueil, nous fait comme pénétrer dans l'atelier de l'écrivain - ne sont pas hors de nous [...] les mêmes peuvent revenir, chaque fois nouveaux. De poème en poème ce doit être notre unique interrogation: les avons-nous aidés à créer cette merveille de quelques syllabes associées, accordées, d'où s'exhale ce que sans elles nous aurions été incapables de pressentir? L'air se ranime, avec lui notre chair, le chant ne l'habite que pour le traverser. » Dénonçant les petits jeux verbaux à quoi trop d'enseignants, leurrés par les pseudos ateliers d'écriture oulipiens, réduisent la poésie, Pierre Dhainaut nous assure que « l'écriture ne consiste pas en la fabrication d'un objet » , qu'elle est une école des rivages » et qu'un poème n'est vivant que "s'il se porte et nous porte hors de lui " .
Exigence et nécessité de la poésie. Car la poésie, plus exactement le poème, est bien ce territoire à perpétuellement reconstruire, ce cinquième élément nécessaire, non pour se représenter le monde ou se l'approprier mais pour s'accorder à lui dans sa puissance d'exister, qu'il soit « débris de verre, de fer / mares croupissantes », « galet pris au hasard », «gravier, marrons, feuilles jaunes, bouts de bois » ou souffles de tempêtes, murmures de forêts, clameurs de vagues et d'oiseaux. L'expérience qui attend le lecteur de Plus loin dans l'inachevé est ainsi celle d'une plongée dans le lieu d'une parole fortement habitée, tournée vers une ouverture confiante et aiguisée aux choses. Marche, écoute, rencontre sont autant de mots clefs pour baliser ce parcours. Sans que rien d'autre ne soit promis qu'un accroissement d'être. Un redoublement d'intensité. Le réconfort parfois d'un poème ressuscité, mystérieusement empli d'échos. « Ils parlent de deuil et nous voici réconfortés, ils parlent d'une chambre, nous voici au large... Comment résister à la surprise? Rien ne s'égare ou ne se clôt ». Marche, écoute, rencontre mais on aurait tout aussi bien pu dire, éveil, accord, bienveillance, promesse. Comme l'est par exemple cette aube « si fraîche, immense » qui ouvre le recueil, « quand le vent afflue dans la moindre fente / jusqu'à secouer les parois.»
Puisant loin ses racines, le poème de Pierre Dhainaut s'affirme alors comme la créature évoquée par Rilke au tout début de la huitième élégie de Duino : il cherche à voir dans l'Ouvert, ce monde, comme l'écrit le grand poète allemand, qu'« on ne convoite pas ». Relation infinie, insaisie et « sans retour des yeux sur son état », que depuis plusieurs recueils Pierre Dhainaut célèbre avec insistance dans la personne de l'enfant, cet enfant devenu pour lui « le bienvenu », celui qui
reconstitue le monde : lui qui ne sait parler /[...] recrée pour nous le rite immémorial/[...] coeur qui palpite / mains qui acclament, il incarne la joie / la pleine joie du souffle. » Et si d'aventure l'air manque, si l'eau, comme il l'écrit dans le tout dernier poème, « a cessé de jaillir / de s'élargir », c'est encore dans le souvenir de l'enfant qu'on a été, de «l'éveil qui nous fut offert », que le poète retrouve l'énergie de se dire qu' « il est encore temps de nous pencher / sur la surface lisse, de n'y chercher aucune image / d'y plonger les mains pour la ranimer, afin d'extraire / de la rumeur profonde avec les paumes/ de quoi faire un soleil, la face rutilante/ sans inquiétude, en ne sachant vers qui nous la tournons.»
GEORGES GUILLAIN

mercredi 16 juin 2010

mardi 9 mars 2010

"Plus loin dans l'inachevé" de Pierre Dhainaut

Comme en forêt le long des routes, nous allons

d'arbre en arbre, nous avons l'âge des rameaux

où se plaisent les fruits, le givre,

qui ne s'alarment pas de ce qu'ils durent,

l'humus et l'air, ensemble ils les célèbrent,

à l'ombre, l'accueil nous enracine.


Extraits du nouvel ouvrage de Pierre Dhainaut
"Plus loin dans l'inachevé" (Prix de Littérature Jean Arp 2010)


"Avec l'imprévisible
tu feras corps à la proue de l'épaule."

mardi 9 juin 2009

Visite de Pierre Dhainaut au collège de Vendin-le-Vieil

Le 8 juin 2009, Pierre Dhainaut a rendu visite à une classe de 4ème au collège Bracke-Desrousseaux de Vendin-le-Vieil. Voici quelques échos de cette rencontre :

Questions posées à Pierre Dhainaut :

Pourquoi êtes-vous plus attiré par la poésie que par les autres genres littéraires ?

Réponse transcrite par les élèves :
Il faut distinguer l’auteur du lecteur. Pierre Dhainaut est un lecteur très ouvert. Il peut lire des romans, des livres philosophiques, aussi bien que des poèmes.
Mais on a un tempérament, plus ou moins limité. Pierre Dhainaut, lui, ne peut pas faire de romans. Sa forme d’esprit ne correspond pas à l’art du récit, qui se prolonge. Le roman demande du temps (des mois, des semaines, voire des années), alors que le poème s’écrit en un ou plusieurs jours. Le poème se fait dans un temps plus intense, comme le haïku qui correspond à une écriture très brève. Pierre Dhainaut aime la concentration. Il donnerait tout pour la poésie.
Pierre Dhainaut aime aussi interroger, comprendre ce qu’il lit et écrit. Il a écrit des textes de critique, donc de prose, de réflexion écrite. Il a fait un article sur André Breton, sur Bernard Noël, sur des poètes qu’il a rencontrés et sur des peintres. Certains peintres lui ont demandé de travailler sur leur œuvre. Il a écrit aussi un livre sur Victor Hugo, il y a longtemps.

Comment expliquez-vous votre succès ?

Réponse transcrite par les élèves : Il ne s’agit pas de succès. Pierre Dhainaut veut juste écrire. On ne peut pas faire de succès avec la poésie, ce n’est qu’une « passion ». Ce qui compte aussi, c’est d’avoir quelques lecteurs et auditeurs. Parfois, il reçoit un signe en forme de lettre de quelqu’un qui a pu être aidé par sa poésie. Mais s’il avait cherché à avoir du succès, il n’aurait pas fait de poèmes.
La poésie peut concerner l’intime (ce qu’on pense, ce qu’on vit…), permettre de s’exprimer soi-même. Mais il ne s’agit que d’une écriture personnelle.
Pierre Dhainaut, lui, écrit pour s’agrandir, se dépasser, vivre des sensations neuves. Il ne dit jamais « je », « moi », « me » dans ses poèmes. Il préfère se tourner vers le dehors. Il ne sait jamais ce qu’il va dire. Il n’a jamais décidé d’écrire sur une idée précise. Quand il écrit, il a le sentiment d’avancer. Ecrire un poème, c’est comme partir à l’aventure avec les mots. C’est en écrivant, en développant des mots ou des expressions qui l’obsèdent qu’il commence à les comprendre et qu’il écrit ses poèmes. Ce qui importe, c’est d’avancer sur un chemin dont on ne connaît pas le but. Si on écoute au fond de soi, on entend des mots. Il faut les retenir. Avant d’aller dormir, le soir, il y a souvent des mots qui lui viennent et qui trottent dans sa tête. Souvent, le matin, cela donne un poème, lorsqu’il peut corriger ce qu’il a écrit la veille.

Qu’est-ce qui vous intéresse, qu’est-ce que vous admirez chez Victor Hugo ?

Réponse transcrite par les élèves :
En cinquième, les poèmes de Victor Hugo l’ont passionné dès leur première lecture. Un jeune professeur de littérature, qui débutait, lisait des extraits en classe, d’une manière non scolaire, sans poser de questions. Il lisait par exemple La Légende des siècles. C’était un monde étrange qui s’ouvrait. Cela a incité Pierre Dhainaut à ouvrir ces livres.
Victor Hugo est un auteur très ouvert. Dans son œuvre, il y a tout. Les Misérables, Notre-Dame de Paris, ce sont de vrais romans d’aventures. Il ressuscite toute une époque, le XIXème siècle ou le moyen âge, dans Paris ou dans les provinces. Victor Hugo aimait les personnes très caractéristiques, qui par exemple parlaient l’argot. Il faisait beaucoup de digressions. C’était un auteur généreux. Dans ses livres, un rapport très personnel, curieux, s’établit entre l’auteur et le lecteur. Celui-ci est une sorte de confident.
A propos de Mors : Ce qui frappe, c’est sa force de convocation de la mort. On présente volontairement un squelette avec sa faux, c’est une allégorie. Le rythme du poème nous emporte. Le livre des Contemplations est dédié à sa fille décédée, Léopoldine, morte noyée à vingt ans.


Question posée aux élèves : Qu’est-ce qui vous a le plus marqués, dans la rencontre avec Pierre Dhainaut ?

Aurélien Batsik : C’est sa façon de parler, ses réponses, sa façon de lire les poèmes et d’expliquer.
Marvin Bibloque : C’est combien il adore Victor Hugo et aussi quand il m’a fait un autographe : j’étais content.
Rayane Deroeux : Il aime Victor Hugo.
Coline Delbar : Quand il parlait de poèmes ou de Victor Hugo, il en parlait avec passion. On voyait que c’est sa vie, qu’il adorait ça. On voyait que, sans eux, il ne pourrait vivre. On le voyait dans ses yeux et dans ses paroles, souvent il se laissait même emporter.
Camille Dierckens : Il parle tout le temps des autres. Il ne dit pas souvent « je ». Il adore Victor Hugo. C’est un homme passionné.
Céline Dufour : C’est que Pierre Dhainaut connaît la biographie de Victor Hugo sur le bout des doigts. J’aime bien son coffret où les poèmes ne sont pas écrits dans un livre.
Astrid Duriez : Ce sont sa personnalité et ses explications sur la manière de faire un poème, qui me serviront un jour. Il explique beaucoup de choses. Ce qui m’a plu aussi, c’est quand il a commencé à parler de Victor Hugo.
Samy Florent : C’est que Pierre Dhainaut ne sait pas ce qu’il va écrire quand il se met devant sa feuille blanche. Pour écrire un poème, il faut se laisser guider par notre crayon.
Laurent Gau : C’est le moment où il a parlé de Victor Hugo peintre. Je trouvais ses dessins très beaux et il en parlait avec facilité comme si Victor Hugo était son ami depuis longtemps. Il disait ce que les dessins voulaient dire. J’ai trouvé ce moment le plus marquant de tous dans la rencontre.
Céline Houllier : C’est qu’il aime beaucoup Victor Hugo.
Debbie Kumanski : C’est de l’avoir rencontré. Il nous a tout expliqué en petits morceaux, il a beaucoup parlé de Victor Hugo. Il nous a expliqué comment former un poème et le lire.
Pauline Lalet : C’est sa façon de parler. On aurait dit un philosophe, on voyait qu’il avait été professeur de français car il arrivait à parler et à utiliser des mots que nous comprenions sans difficulté tout en montrant un maximum de connaissances. Il savait beaucoup de choses sur la poésie, Victor Hugo… Il était passionné en parlant des poèmes de Victor Hugo.
Sarah Leprêtre : J’ai aimé le moment où Pierre Dhainaut a parlé de Victor Hugo. Il sait vraiment beaucoup de choses sur lui.
Frédéric Milazzo : C’est sa grande passion pour les poèmes et sa passion pour Victor Hugo.
Sophie Rose : J’ai aimé le moment où on lui a remis le recueil de nos poèmes et lorsqu’il a fait lire certains poèmes des élèves, ainsi que le moment où il a parlé de Victor Hugo.
Céline Stachowiak : Ce qui m’a touchée lors de la rencontre avec Pierre Dhainaut, c’est quand il a lu les écrits de Victor Hugo.
Mégane Torok : C’est quand il nous a expliqué comment il fait ses poèmes. Il aime se concentrer quand il écrit un poème. Quand on s’exprime personnellement, on peut aussi écrire pour se dépasser. Ce qui m’a marquée, c’est aussi quand il nous a parlé de Victor Hugo.
Fanny Viléla : Pierre Dhainaut comprend très bien Victor Hugo, ses allusions, ses allégories… On voit vraiment qu’il aime ce qu’il fait et qu’il ne pourrait s’en passer. C’est un grand poète.
Mathieu Watel : La poésie, c’est la vie qui se déroule. Il s’est inspiré de Victor Hugo. Il a publié des livres de poésie et il a rencontré de grandes personnalités dans la poésie.